Dans un monde où les spectacles rivalisent souvent d’effets spéciaux, de décors somptueux et de technologies éblouissantes, « Entre Ciel Et Chair » a fait un choix audacieux : celui de la simplicité. Un plateau nu, des lumières subtiles, des interprètes en pure présence par leur corps, leur souffle, leur voix ou leur instrument : la comédienne Christelle Willemez et le contrebassiste Michel Thouseau en alternance avec la violoncelliste Birgit Yew. Pourquoi ? Parce qu’une mise en scène minimaliste n’est pas un renoncement, mais une exaltation de l’essentiel.
Sur un plateau nu, il n’y a rien pour détourner l’attention. Même les deux chaises anciennes en bois avec leur dossier droit et vide, semblent s’effacer pour laisser se produire la magie de l’invisible. Chaque mot, chaque geste, chaque regard, chaque inflexion de voix prend une intensité particulière. L’absence de décor permet aux spectateurs de projeter leur propre imaginaire dans l’espace scénique, de s’immerger pleinement dans l’histoire, de vivre leurs propres images. Le vide apparent devient un territoire infini où les émotions prennent toute leur place.
Dans « Entre Ciel Et Chair », cette approche est au service du texte. La simplicité du cadre met en lumière la complexité des relations, des émotions. Les jeux de lumière subtils, l’accompagnement musical, tout est pensé pour capturer l’essence de l’histoire sans la surcharger.
La lumière – toute en clair-obscur – joue un rôle essentiel ici. Douce comme celle de la bougie ou de la cheminée, elle est tour à tout froide lorsque l’abbesse Héloïse vit l’isolement dans sa cellule, ou chaude dans l’évocation de la jeunesse et du feu de joie de l’amour… Selon la direction des projecteurs, Héloïse est comme effacée de la vie, ou illuminée de paix et de réconciliation. Le musicien ou la musicienne tantôt présent en compassion, peut glisser dans l’obscurité laissant Héloïse à sa solitude.
La mise en scène épurée de Clara Ballatore n’est pas qu’une esthétique, c’est un parti pris artistique fort. Elle invite les spectateurs à une expérience introspective, où chacun peut ressentir profondément en son for intérieur chacune de ses émotions. Le dépouillement scénique devient alors un miroir dans lequel se reflètent nos propres histoires, nos propres luttes, nos propres aspirations.
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